En 2009, je foule pour la première fois les terres d’Afrique Australe. A l’époque, cette immersion au cœur du désert du Kalahari me procure, en quelques jours seulement, une totale déconnexion. La beauté et l’immensité de ces étendues désertiques sont loin de me laisser insensibles. Naturellement ou instinctivement, je ne saurais dire, le Kalahari fait revenir à l’essentiel. La beauté sauvage et imprévisible de sa faune pousse à une certaine humilité : ici, l’Homme salue le règne animal !
Onze années plus tard, je m’apprête à explorer en avion privé un pays emblématique de cette Afrique préservée, la Namibie, et de vivre en famille une aventure aux airs de « bout du monde »…
Le 8 février 2020 – Après 17h de vol et une escale à Doha, Windhoek nous accueille sous un soleil de plomb. Nous plongeons immédiatement dans une ambiance « Out of Africa ». L’aéroport de Windhoek surprend par sa petite taille : les deux gros porteurs de Qatar Airways et de South African Airways rythment le quotidien du tarmac Namibien. Au loin, un Cessna aux ailes blanches déployées attend. Les formalités aux airs improvisés sont d’une efficacité remarquable… nos bagages arrivent déjà. Pour ce « flying safari », nous voyageons légers. A peine nos 15 kg chargés sur le dos, nous sommes accueillis par notre représentant qui nous mène jusqu’à un « lounge » pour la pesée des bagages. Le pilote du Cessna, Willem, nous conduit au pied de coucou. Les consignes de sécurité effectuées, nous pénétrons l’antre de l’appareil. Les hélices vrombissent. Nous nous envolons pour le début de notre safari de luxe en Namibie à la découverte de la nature et la faune sauvage de Namibie.
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En direction du désert de Namib, nous survolons d’abord une succession de vallées puis de plaines arides piquetées de buissons. Ici, depuis notre avion privé, la vie sur les terres namibiennes semble bien inexistante. Encore ébahis par la beauté du paysage qui défile, nous arrivons, au bout d’1h30 dans la région de Karas à l’extrémité sud du désert du Namib. Nous atterrissons sur une piste goudronnée autour de laquelle gambadent oryx et springboks. Richard, notre ranger, nous conduit vers notre camp de luxe à travers une mer de sable rougeoyante au soleil. Au bout de 50 minutes de route chaotique surgissent, tel un mirage, d’étonnants rochers de granit volcanique. Notre retraite luxueuse constituée de 10 tentes en toile est juchée sur ces immenses rochers érodés et polis par les vents depuis plusieurs millions d’années. Le lodge exclusif Sonop nous invite à remonter le temps. D’un style un brin « british », cet éden, 100% démontable et 100% autonome en électricité, nous incite à vivre, en mode « slow », l’existence d’un explorateur britannique du début du XXe siècle !
Le 9 février 2020 – Nous quittons Sonop à trois heures du matin en direction de l’immense mer de sable rouge : Sossusvlei. Dans la nuit noire, l’expédition sur les pistes défoncées renforce notre sentiment de vivre une aventure unique des plus exclusives. Nous assistons au spectacle magique voire quasi lunaire d’un lever de soleil sur les dunes ocres avant d’entamer notre ascension de la Dune 45, surnommée « Big Daddy ». Grimper 350 mètres d’altitude lorsqu’on s’enfonce ou que l’on dérape à chaque pas est éreintant. Pourtant, arrivés sur la cime, le panorama est ahurissant. Les collines orangées se déploient à perte de vue jusqu’à l’Atlantique. Ici, le temps semble s’être arrêté. Nous distinguons seulement le bruit des oiseaux explorant à toute aile déployée le ciel. Puis, nous dévalons le flanc de Big Daddy jusqu’au Dead Vlei. Cette cuvette d’argile blanc émaillée d’acacias multi-centenaires momifiés nous donne l’impression d’être sur la planète Mars. Nous sommes subjugués par ce décor invariablement grandiose.
La magie au cœur du désert du Namib continue lorsqu’à quelques mètres de la dune « Big Mama », nous sommes chaleureusement accueillis par notre chef cuisinier pour un petit déjeuner gourmet. La table est dressée et l’argenterie est soigneusement posée sur la nappe d’un blanc immaculé. Le personnel aux petits soins nous sert une tasse de thé alors que le chef s’agite aux fourneaux à préparer un petit-déjeuner frugal. Nous parlons peu. Nous voulons apprécier l’instant, transformer cette parenthèse exceptionnelle en un moment impérissable.
A notre retour à Sonop, nous profitons de la nature à couper le souffle au bord de la piscine à débordement.
Le 10 février 2020 – Il est temps de quitter notre camp de luxe pour nous envoler vers la seconde étape de notre flying safari : Damaraland. Après 3h00 de survol et une halte sur la piste de Swakopmund, nous atterrissons à l’ouest de la vallée de la Huab River sur la piste du Damaraland Camp. Ici, les cours d’eau sont souvent à sec, les plaines immenses sont arides et rocailleuses : les restes du désert du Namib et son sable fin sont présents. Au cœur de cet environnement évoluent, entièrement libres, des populations d’éléphants du désert, de rhinocéros noirs, des girafes, des autruches et springboks. Ces animaux se sont adaptés à leurs modes de vie pour survivre à la rudesse des espaces désertiques. L’éco-camp Damaraland Camp de 10 unités surélevées, subtil mélange d’élégance et de simplicité, offre une vue imprenable sur le désert environnant.
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Depuis notre arrivée en Namibie, nous n’avons pas eu encore la chance d’approcher d’aussi près la faune sauvage. Cette frustration se dissipe vite. Alors que nous parcourons depuis environ une heure les pistes poussiéreuses du Damaraland, nous rencontrons une famille d’éléphants. Tout à coup, notre 4×4 s’arrête : un éléphant qui mangeait non loin de là, s’approche de nous. A notre stupéfaction, le pachyderme introduit sa trompe dans le véhicule pour nous renifler. Un mélange d’inquiétude et de fascination nous saisît. L’animal nous scrute. Après un moment, qui nous parait des plus longs, il s’éloigne d’un pas lent et assuré rejoindre le troupeau constitué d’une dizaine d’individus.
A peine remis de nos émotions, notre ranger reçoit l’appel d’un confrère sur sa CB lui indiquant la présence extrêmement rare de deux lionnes du désert. Après 20 minutes de route sinueuse et bosselée, nous arrivons sur le lieu indiqué. A quelques mètres de nous, les deux félins étendus de tout leur long sur une butte granitique soulèvent la tête à intervalles réguliers pour surveiller les alentours. Ni le bruit de nos appareils photos ni le chuchotement des enfants dans le véhicule ne semblaient perturbés leur sieste. Les deux chasseuses semblent totalement se désintéresser de nous. Nous restons de longues minutes à les observer, émus par leur tranquillité et leur majesté.
Le 11 février 2020 – Ce matin, le game drive débute au lever du soleil pour explorer la région en quête du rhinocéros noir du désert. Le bête se fait bien discrète. Nous roulons 1h30 : oryx et springboks, zèbres Hartman et autruches animent le paysage désertique. Intérieurement, nous commençons à nous faire une raison : nous n’aurons pas l’honneur de cette belle rencontre ! Au loin, nous apercevons, trois rangers de la fondation « Save the Rhino Trust Namibia » parcourir à pied l’étendue désertique à la recherche des rhinocéros. Nous leur proposons de monter à bord du 4X4. Au bout de quelques minutes, grâce à leurs talents de pisteur, nous trouvons un rhinocéros femelle avec son petit. D’un pas silencieux, nous nous approchons mais l’animal à l’odorat développé et à l’ouïe exceptionnelle sent déjà notre présence au loin. Nous décidons de stopper notre marche pour observer le spectacle. Pendant ce temps, la table du petit-déjeuner est dressée. Nous partageons avec les gardes un véritable moment de convivialité et de simplicité.
Cet après-midi, nous avons remplacé le traditionnel « scenic drive » par la visite du village local de Der Riet. Situé à environ 45 minutes de route du camp, le village abrite une dizaine de familles vivant de l’élevage de chèvres. Les maisons sont construites en torchis et le toit est en tôle, à l’exception du jardin d’enfants, fabriqué en béton avec l’aide de l’association « TOSCO ». Nous sommes accueillis par le chef du village qui nous présente aux membres de sa famille. L’homme, fier de nous parler des origines de son peuple, nous conte aussi leur quotidien. Au fil de notre parcours, il nous montre les ruines laissés derrière eux par le passage des pachydermes ou les traces des lions passés la veille dans le village. Assez rapidement, les jeunes enfants convergent vers nous. Nous sommes devenus l’attraction du village. Le moment est intense. C’est avec un ou deux d’entre eux dans les bras que nous continuons le tour du village. On peut lire sur leur visage la curiosité et sur le nôtre une certaine émotion.
Cette expérience hors des sentiers battus ne pouvait atteindre son paroxysme sans le traditionnel dîner dans un Boma. Entourés de palissade de bois, nous sommes accueillis par le personnel du Damaraland Camp avec un chant traditionnel. Le repas préparé avec soin par le chef est servi autour d’un feu de bois dans la langue Khoisan (langue à clics) : un moment exclusif de partage au cœur du paysage du Damaraland.
(…) Demain, nous nous rendons vers la dernière étape de ce flying safari : le parc national d’Etosha.
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Le 12 février 2020 – Nous quittons les étendues désertiques du Damaraland pour rejoindre plus au nord la réserve d’Ongava, située au sud du Parc national d’Etosha. Le paysage d’Etosha diffère radicalement de ceux que nous avons pu précédemment découvrir. A peine deux heures de vol et un paysage contrasté se dessine devant nous : la savane, ici, offre une palette de couleurs plus verdoyante.
Nous sommes conduits vers notre lodge : Anderssons at Ongava. Flanqué à la frontière du célèbre Parc national d’Etosha, l’élégante enclave, qui était autrefois une ferme, donne sur un point d’eau attirant une faune riche et variée pour nous offrir un spectacle exceptionnel. Depuis le salon, nous admirons le passage des éléphants, des lions et des zèbres venant s’y désaltérer. Enjoués comme des enfants, nous courrons discrètement vers le souterrain d’observation situé à peine à 10 mètres de l’abreuvoir naturel. Quel moment extraordinaire de voir ces pachydermes s’asperger d’eau boueuse ou encore admirer ces lionnes suivies de leurs lionceaux laper avec élégance.
Cet après-midi, nous partons au cœur de la réserve. Ici la faune est très riche. A peine 15 minutes de route et nous observons déjà les troupeaux de zèbres, d’oryx et de springboks. Les girafes, quant à elles, dévoilent timidement leur visage tacheté au-dessus de la cime des arbres. Il est aussi magique d’observer le ballet incessant de ces autruches s’élançant avec grâce au passage de notre 4X4. Le rhinocéros, lui, aime se dissimuler dans les buissons. Notre émotion devient plus intense lorsque nous nous arrêtons à 10 mètres d’une quinzaine de lions, lionnes et lionceaux. Les plus jeune s’amusent à se mordiller et à grimper les uns sur les autres tandis que les plus âgés impassiblement somnolent à l’abri du soleil avant d’entamer leur chasse nocturne.
Ici et là nous découvrons aussi les carcasses de zèbres et springboks. Une odeur putride nous attire vers la carcasse d’un zèbre. Une horde de vautours déchiquètent la chair du défunt. Au cœur d’Etosha, le règne animal parle !
Le 14 février 2020 – Notre flying safari de luxe au cœur de cette Afrique préservée s’achève. Nous repartons vers la France l’esprit empli d’images impérissables. Cette Namibie aux étendues sauvages à perte de vue, aux paysages sublimes et variés et à la faune riche, nous a offert un des plus grands spectacles de la nature… pour se ressourcer et pour le plaisir de partager le temps d’un voyage en famille des instants exclusifs !
■ Marie-Pierre T.